En décembre 2018, Roberto Betti, alors directeur du Théâtre du Pommier à Neuchâtel, propose à Pierre Cleitman d’écrire une conférence sur Satan. Projet initialement soumis à Maître Marc Bonnant, mais le ténor du barreau de Genève ayant refusé, pour des raisons qui lui sont propres, de se faire littéralement l’avocat du Diable, Pierre Cleitman accepte de prendre, en toute modestie, la relève du célèbre juriste. Et au terme de deux ans de recherches intensives et extensives, de livrer au public le fruit de ses cogitations.
Le CV de Satan, connu aussi sous les noms de Belzébuth, de Diable, de Lucifer, de Méphistophélès (et de quelques autres encore moins recommandables) s’avère en effet à la fois simple et extrêmement difficile à établir.
Simple, parce que si l’on ignore tout de ses date et lieu de naissance, on sait où et quand il se manifeste pour la première fois: dans le Livre de Job de l’Ancien Testament.
Il y est l’Ennemi, l’Adversaire (c’est le sens du mot satan en hébreu).
Le Porteur de Calamités diverses et variées. Pour ne pas dire diverses avariées.
Là où ça se complique, c’est que les commentateurs du Nouveau Testament ont prétendu ensuite qu’il aurait joué un rôle bien avant Job.
Il se serait manifesté dès le Jardin d’Éden, lors de la séquence ô combien fatidique du fruit défendu. Caché derrière un arbre, tout près du serpent, il lui aurait soufflé, comme au théâtre, le texte qu’il devait dire.
Un texte suffisamment bien ficelé pour convaincre Ève de braver l’interdiction divine et cueillir, puis partager avec Adam, le Fruit de la Connaissance du Bien et du Mal, et tout ce qui s’ensuit. Satan se révélant lors de cette scène on ne peut plus originelle comme le Grand Tentateur, le Séducteur par excellence.
Mais qu’il ait été Ennemi ou Séducteur, une constante l’accompagnera tout au long du parcours: son odeur de soufre.
Ou, pour le dire plus prosaïquement, son odeur d’œuf pourri.
Qui rappelle celle d’un gaz, le dioxyde de soufre, également appelé anhydride sulfureux.
Gaz dense et toxique, dont l’inhalation est fortement irritante. Et qui est libéré dans l’atmosphère par les volcans et d’innombrables activités industrielles.
Sans oublier les usines d’incinération d’ordures !
Pourquoi et comment ce dioxyde de soufre s’est-il trouvé associé à Satan ? Et que nous dit cette odeur persistante sur la tentation en général ? Et sur le personnage en particulier?
Voilà ce que nous propose de découvrir Pierre Cleitman, au terme d’une conférence encore plus extravagante, improbable et explosive que celles auxquelles le public a pu assister ces dernières années.