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Conférence UNAB
25 avril 14 h 15 - 16 h 00
Patrick CRISPINI
Chef d’orchestre, musicien, pédagogue
L’affaire Don Giovanni
Après Les Nozze di Figaro (1785) et avant Cosi fan tutte (1789), Don Giovanni est le second livret concocté par Lorenzo da Ponte [1749–1838] pour Mozart. En septembre 1787, le librettiste vénitien se trouve à Prague auprès du compositeur pour mettre la dernière main au Don Giovanni. Mais il est rappelé à Vienne par Salieri. Mozart, profitant de son absence, fait alors appel à Giacomo Casanova qui se trouve aussi à Prague pour retravailler en sa présence diverses scènes dont les chanteurs ne sont pas satisfaits.
Quelques ajustements restent à accomplir et l’on sait que la sublime ouverture sera composée par Mozart dans la fièvre de la nuit précédant la première à la villa Bertramka. Il n’est d’ailleurs pas étonnant de retrouver les trois hommes réunis dans ce haut lieu pragois du jeu et des divertissements d’alcôves.
Ils se connaissent bien à l’instar des deux vénitiens (c’est Casanova qui exporta pour son plus grand profit et celui de la cour de France le principe de la Loterie royale sur le modèle des «casins» de Venise), Mozart est lui-même amateur de jeux d’argent: à la villa Bertramka, on joue dans tous les sens du terme!
Deux feuillets de vers laissés par Casanova concernant des variantes de la scène du quintette de l’acte 2 de l’opéra ont été retrouvés. Et l’on sait aujourd’hui que Casanova assista au Théâtre des États de Prague à la création de l’œuvre le 29 octobre 1787. Da Ponte retrouva Casanova à Dresde et à Prague en 1790. Si le décor métaphysique planté dès l’ouverture par les accords sublimes glaçants en ré mineur ne correspond pas exactement à l’univers du chevalier de Seingalt, on y retrouve pourtant une vision du monde qui ne peut que rapprocher ces trois créateurs imprégnés de philosophie maçonnique…
Cette page est tirée du site de l’UNAB.